NFT, métaverse, crypto… le lexique pour tout comprendre

NFT, blockchain, métaverse… autant de termes étranges qui reviennent dans nos fils d’actualité. Les initiatives se multiplient à vitesse grand V, dans tous les domaines artistiques. Pas un jour ne passe sans qu’un nouveau projet naisse et que telle ou telle vente de NFT n’explose les compteurs. Les technophiles trouvent ça génial, les écologistes désapprouvent, et la plupart des autres n’y comprennent rien.

Une chose est certaine pourtant : à l’heure où internet bascule dans une nouvelle ère, les artistes, et en particulier les artistes-interprètes, sont les premiers concernés par ces phénomènes qui créent un nouvel écosystème de partage et de diffusion des œuvres dans cet univers dématérialisé que l’on n’imagine pas sans musique, sans images, sans films… Les NFT envahissent le milieu de la musique et s’apprêtent à faire de même pour le cinéma.

Heureux sont les artistes qui y trouvent de nouvelles sources de revenus ou tout simplement une nouvelle façon d’interagir avec leur public.

Cependant, si elles sont prometteuses, ces nouvelles technologiques posent nombre de questions notamment sur l’encadrement juridique de l’interprétation des artistes. On vous explique…

Métaverse

La bonne nouvelle, avec le métaverse, c’est qu’en fait, vous savez déjà ce que c’est. Vous avez sans doute déjà entendu parler des jeux vidéo en ligne ? Ou des expériences sociales comme Second Life ? Un monde modélisé en 3D, un avatar, un casque en réalité virtuelle (pas obligatoire), et le tour est joué : vous êtes dans le métaverse ! C’est-à-dire dans un monde virtuel interactif, généralement en 3D, et qui permet à plusieurs utilisateurs de se connecter en même temps. A partir de là, les possibilités sont infinies : concerts, festivals de cinéma, spectacles de théâtre… Récemment, de nombreux artistes, comme Jean-Michel Jarre, s’y sont essayés avec succès en rassemblant un public toujours plus nombreux dans des mondes virtuels taillés sur mesure pour refléter leur univers.

NFT

Là, ça se complique un peu… NFT est l’anagramme de Non Fongible Token (« Jeton Non Fongible »). Le « jeton » en question est un certificat de propriété numérique, une ligne de code qui attribue la propriété de n’importe quel fichier numérique (image, piste audio) à une personne. Il est dit « non-fongible », car il est unique. Un NFT, c’est donc un objet numérique qui peut se vendre et se revendre sur des plateformes spécialisées. Pour les artistes, c’est l’occasion de vendre des pièces uniques et redynamiser leur relation avec leurs fans. Le musicien Jacques a ainsi vendu son single « Vous » par tranches d’une seconde, pour que ses fans puissent être collectivement propriétaires de ses droits. Attention cependant, les NFT sont un domaine encore peu réglementé, notamment en ce qui concerne la répartition des droits entre compositeurs, interprètes et producteurs.

Blockchain

La blockchain est une technologie de cryptage et de stockage de l’information partagée entre plusieurs utilisateurs, indépendamment de toute autorité centrale. Plus concrètement, la blockchain permet à ses utilisateurs – connectés en réseau – de partager des données sans intermédiaire.  Elle est notamment utilisée pour sécuriser les transactions réalisées à l’aide de crypto-monnaies, comme le bitcoin, et pour stocker les certificats de propriété des NFT.

Crypto-monnaies

À l’instar du Bitcoin, la plus connue d’entre elles, les crypto-monnaies ont été initialement conçues comme des instruments d’échange dans le monde numérique. Stockée dans la blockchain, en dehors de toute autorité centrale, elle permet de réaliser des transactions et peut également se convertir en devises nationales, comme le dollar ou l’euro. Attention cependant, les crypto-monnaies sont des valeurs assez fluctuantes, et n’offrent pas les mêmes garanties d’épargnes qu’un placement « classique » dans une banque. En revanche, elles peuvent dans certains cas être beaucoup plus rentables.

Smart contract

Un smart contract est un programme informatique développé et sauvegardé au sein d’une blockchain. Ces contrats intelligents sont stockés publiquement et ne peuvent pas être modifiés une fois validés. Ils permettent de sceller un engagement entre plusieurs parties par l’intermédiaire d’un code informatique.

Et les droits des artistes dans tout ça ?

Dans ce vaste univers, les règles économiques, sociales mais aussi légales sont en construction. Qu’en est-il par exemple du droit de la propriété intellectuelle ou encore du droit du travail pour les artistes qui sont engagés à participer à la création d’une œuvre virtuelle ?

De fait, se posent nombre de questions sur l’encadrement juridique de cet univers dématérialisé. Sans parler de l’immense chantier de la protection des données collectées : celle de la personne et au-delà de son avatar (personnage fictif version fidèle de la personne)…

Le droit du numérique est en perpétuelle évolution et le législateur doit s’adapter

Il convient en tout cas de distinguer deux situations différentes. En ce qui concerne la création d’un univers Métaverse, on parle de solutions souvent coûteuses, qui demandent un savoir-faire spécifique. Pour ce faire, les contrats qui lient artistes, créateurs de lieux virtuels, producteurs et diffuseurs s’apparentent à ceux qui pourraient encadrer la réalisation d’un clip ou d’un concert, inspirés du droit audiovisuel ou de celui qui s’applique dans le domaine des jeux vidéos.

Du côté des NFT, en revanche on parle de cession de propriété, de droits et de certificats décentralisés qui ne sont pas garantis par les tiers de confiance de l’économie « réelle » (Etats, banques et autres autorités de contrôle).

Il convient donc de bien se renseigner sur les implications d’une telle opération avant de se lancer. Attention aux clauses de vos contrats d’artistes-interprètes : cession de droits (supports et moyens de diffusion, étendue et destination, lieu et durée d’exploitation), rémunération fixe et/ proportionnelle (royalties)…

En conclusion (provisoire), nous pouvons nous interroger : le législateur donnera-t-il naissance à un droit spécifique ? ou le droit du monde numérique découlera-t-il du droit existant dans le monde réel ?

Affaire à suivre…

Illustration : Antonio Giovanni Pinna