Agent, manager et artiste : une collaboration, quel cadre ?
Bravo… à toute l’équipe de La série Dix pour cent pour son succès planétaire couronnée par son prix de la meilleure comédie aux Emmy Awards 2021 ! Au-delà d’un scénario et d’acteurs formidables, la série dépeint avec brio la relation entre un artiste et son agent.
Une relation qui fascine et intrigue : faisons le point sur cette profession essentielle aux artistes qui allie intérêts économiques et artistiques à une relation complice, fusionnelle, électrique voire passionnée…
Des compétences multiples
Depuis sa réforme récente, le Code du travail assimile les professions d’impresario et de manager au métier d’agent artistique, lequel consiste à « recevoir mandat à titre onéreux d’un ou plusieurs artistes du spectacle aux fins de placement et de représentation de leurs intérêts professionnels en leur permettant de développer leur art. »
Selon Laurent Grégoire, directeur de l’agence Adéquat, l’agent artistique est un intermédiaire, un facilitateur entre l’artiste et ses différents interlocuteurs. Un rôle pas si évident, car pour veiller aux rouages d’une carrière bien huilée, il doit dorénavant associer accompagnement artistique et expertise juridique.
Un bon agent aujourd’hui est un agent qui sait :
- établir une relation de confiance,
- comprendre les aspirations artistiques,
- maitriser l’art de la négociation,
- assurer la sécurité juridique et
- défendre au mieux les intérêts financiers de l’artiste.
Une fois ces bases posées, on distingue l’agent et le manager. Leurs rôles ne sont pas exactement les mêmes.
Le terme d’« agent artistique » est utilisé dans le milieu du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma. Il lie les scenarii, trouve des castings, négocie les contrats et suit leur bonne exécution.
Issu du milieu musical, le terme de « manager » recouvre les mêmes attributions mais le spectre de son accompagnement est plus large. Son activité est plus étendue que la gestion des contrats, il se déplace aux évènements de l’artiste et peut être amené à gérer la presse et le merchandising…
Cette différence justifie les écarts de leur rémunération. Pour toutes ces activités complémentaires le manager peut justifier d’une commission de 15 % alors que l’agent artistique perçoit généralement 10 % des rémunérations de l’artiste.
Nos conseils pour établir une bonne relation
Au-delà des questions professionnelles, la dimension affective et la question de la confiance sont centrales dans la relation qui unit l’artiste et son agent/manager. Si celles-ci ne rentrent pas dans les clauses d’un contrat, elles demandent néanmoins d’être entretenues sur le long terme.
L’envie de travailler et de trouver des contrats doit émaner des deux parties. Pour qu’un tandem fonctionne, l’équilibre est une chose essentielle.
Il est donc important pour l’artiste de rencontrer son agent régulièrement. En toute logique, l’agent pensera plus facilement à la comédienne ou au comédien avec qui il vient de discuter, plutôt qu’à celui qui lui a envoyé un texto il y a plusieurs semaines ou celle qu’il n’a pas vu depuis des mois.
Quels contrats ?
Là encore, les termes diffèrent pour le manager et l’agent artistique : le premier signe ce qu’on appelle un contrat de management, le second un mandat de représentation.
En pratique, l’accord est le plus souvent oral. Aussi noble soit la confiance accordée à la parole donnée, nous conseillons quand même aux artistes de signer un contrat en bonne et due forme, voire de faire appel à l’expertise d’un juriste pour l’établir ou l’examiner.
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Le contrat doit être explicite sur plusieurs points :
- Les tâches attribuées à l’agent/au manager et les modalités pour exécuter ses missions
- Les conditions de rémunération
- Le terme du mandat et/ou le cadre dans lequel il prendra fin
La durée du contrat est variable, dans l’industrie musicale, elle varie entre 2 et 5 ans, renouvelables.
Dans le milieu de l’audiovisuel et du cinéma, le contrat prend le plus souvent fin lorsque le comédien souhaite se séparer de son agent pour en engager un autre, plus conforme à son projet ou à l’évolution qu’il veut donner à sa carrière. Dans le meilleur des cas, la rupture entre artiste et agent se fait alors à l’amiable. Un agent est plus rarement à l’initiative de la rupture du contrat.
Pour aller plus loin
Les missions de la profession d’agent artistique, régie par la loi du 23 juillet 2010, sont inscrites dans le Code du travail. C’est tout de suite un peu moins sympa à lire, mais très utile quand même :
1° – Défense des activités et des intérêts professionnels de l’artiste du spectacle ;
2° – Assistance, gestion, suivi et administration de la carrière de l’artiste du spectacle ;
3° – Recherche et conclusion des contrats de travail pour l’artiste du spectacle ;
4° – Promotion de la carrière de l’artiste du spectacle auprès de l’ensemble des professionnels du monde artistique ;
5° – Examen de toutes propositions qui sont faites à l’artiste du spectacle ;
6° – Gestion de l’agenda et des relations de presse de l’artiste du spectacle ;
7° – Négociation et examen du contenu des contrats de l’artiste du spectacle, vérification de leur légalité et de leur bonne exécution auprès des employeurs.
A savoir : le contrat d’agent a la même nature que celle du mandat civil (une personne donne à une autre un pouvoir d’agir en son nom) défini par le Code civil.
Voilà, l’essentiel pour bâtir une bonne relation : parmi ces femmes et hommes de l’ombre, il ne vous reste plus qu’à faire le choix le plus éclairé !
A lire aussi : l’interview de Laurent Grégoire et Cécilia Pietrzko
Et notre fiche pratique : quelles sont les missions d’un agent ou d’un manager ?
A consulter :
La plateforme des agences artistiques : agencesartistiques.com
L’annuaire des métiers et acteurs de la musique publié par le Centre national de la musique : Cnmwork
Illustration : Antonio Giovanni Pinna