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Prix Adami de l’artiste citoyen 2021

Marc Lavoine, lauréat du Prix 2021

L’Adami soutient chaque année à travers le Prix de l’Artiste citoyen, les artistes qui s’impliquent et se mobilisent pour des causes qui leur sont chères.

L’Adami est heureuse de le décerner à l’artiste aux multiples facettes Marc Lavoine , qui succède à Samuel Le Bihan, Angélique Kidjo et à Zahia Ziouani.

Le Prix Adami de l’artiste citoyen 2021 a été remis mardi 25 mai à Marc Lavoine, à l’Adami, par Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture, et en présence de Anne Bouvier et Bruno Boutleux, respectivement présidente et directeur général de l’Adami.

 

Interview : Un artiste engagé corps et âme

Lauréat du Prix Adami de l’Artiste Citoyen 2021, Marc Lavoine est un homme de paroles et d’engagements. Des Enfoirés en passant par Médecins sans Frontière ou le Téléthon, le chanteur et comédien s’est impliqué avec constance au fil de sa carrière débutée en 1984. Avec discrétion mais efficacité, privilégiant le travail de fond aux coups d’éclats médiatiques, on l’a vu aux côtés d’enfants autistes en soutenant le journal Le Papotin, défendre la cause des migrants ou promouvoir l’insertion des jeunes par l’emploi et le sport via Le Collectif, une fondation créée il y a dix-sept ans avec Raymond Domenech et Abdel Aïssou contre toutes formes de discriminations. C’est dans le cadre de cette fondation que le chanteur a lancé l’aventure Mon Cartable Connecté : un programme novateur permettant à des enfants hospitalisés pour une longue durée de poursuivre leur scolarité depuis leur chambre d’hôpital. A l’occasion de la remise de son Prix, Marc Lavoine revient sur la genèse de ce programme, ses enjeux et le moteur de son engagement « citoyen ».   

Comment est né le programme Mon Cartable Connecté ?

Il y a huit ans, lors d’une visite à des enfants malades dans un hôpital de Toulouse, j’avais demandé à une jeune fille, Coralie, ce qui lui manquait le plus. Elle m’avait répondu spontanément : « Ma classe, ma maîtresse et mes amis ». Je me suis alors fait cette réflexion : nous sommes dans un monde hyperconnecté, un monde où l’on peut faire un geste opératoire d’un bout à l’autre de la planète, multiplier les retransmissions de football à la télévision, recevoir des images de Mars… Et il serait impossible de relier un élève hospitalisé à sa classe ? Cette injustice, je l’ai vécue comme une double-peine, une discrimination vis-à-vis d’enfants que l’on ne considérait plus vraiment comme des enfants à part entière. L’enjeu est crucial. Si un élève manque l’école pendant un an ou deux, c’est fini pour lui, il se retrouve en décrochage scolaire. Or l’éducation est un droit constitutionnel. Ce Cartable Connecté lui permet de retrouver sa classe quotidiennement, d’être un enfant comme les autres et non un enfant dont la vie s’arrête aux marches de l’hôpital. Je suis donc très honoré de recevoir ce Prix de l’Adami. Il récompense toute une chaine de solidarité composée d’hommes et de femmes, soignants, enseignants, ingénieurs, éducateurs… Ce prix, doté d’une bourse de 10.000 euros, nous permettra également de poursuivre le développement de Mon Cartable Connecté.

Six ans après sa création, quel est le bilan de Mon Cartable Connecté ?

Plus de 500 enfants ont déjà bénéficié d’un cartable, mais les besoins se chiffrent en milliers. Nous préparons un plan d’équipement pour les trois prochaines années, en restant fidèle au principe non négociable de la gratuité. Ce dispositif doit être accessible à tous et surtout aux plus modestes. Pour l’heure, nous ciblons les enfants atteints de cancer car cette maladie discrimine plus que les autres. Mais chaque année, deux millions d’enfants vont à l’hôpital, pour des séjours courts ou plus longs, à cause d’un diabète, d’un accident de voiture, d’une greffe. Or ces enfants privés de scolarité ont envie d’apprendre pour envisager un avenir et continuer à rêver.

Concrètement, comment fonctionne le cartable connecté ?

L’enfant hospitalisé dispose d’une tablette numérique directement reliée au cartable qui est confié à un ou plusieurs élèves de sa classe. Ce lien de responsabilité leur permet de ne plus vivre l’absence souvent douloureuse de leur camarade de manière passive. Depuis sa tablette, il peut activer les deux caméras intégrées dans le cartable pour voir sa maîtresse, répondre présent à l’appel, communiquer avec les autres élèves. Un soin particulier a été apporté à la qualité sonore, car les enfants atteints de cancer souffrent parfois de troubles de l’audition. Grâce à son casque, il peut même entendre un crayon tomber, c’est important pour se sentir parfaitement intégré et immergé dans sa classe malgré la distance. Il faut le rappeler, ce cartable en forme de valise à roulettes est un miracle de technologie 100% française conçu avec des ingénieurs, des start-ups et le laboratoire de mathématiques appliquées de l’Ecole Polytechnique.

Vous vous êtes toujours engagés dans des causes associatives. Quel est votre moteur ?

J’ai eu la chance d’être pauvre. Mes parents étaient des militants communistes, ils se sont engagés dans les mouvements sociaux, se sont battus pour leurs salaires et m’ont transmis la valeur du partage. A la maison, je vivais au milieu des tracts, des réunions de cellule avec des débats enflammés… Mon frère s’est aussi impliqué dans la lutte contre l’illettrisme pendant plus de vingt ans. S’engager dans la vie de la cité est dans notre ADN. Ma mère était constamment entourée de jeunes du quartier, elle avait ce souci de l’autre. Elle vendait l’Humanité à la criée et le muguet le 1er mai. Elle possédait aussi des livres de messe que j’ai toujours avec moi. Comme ces héroïnes dans les films italiens des années 70, elle a lié le féminisme, sa foi et ses convictions politiques. Ses engagements m’ont forgé. Et puis, le rôle d’un artiste, c’est aussi de créer des passerelles. Dans nos chansons, on peut mettre des mots sur certaines choses : l’exclusion, la précarité, l’intolérance… Mais il faut des actes sinon c’est une simple suite de lettres, un alphabet sans fonds. Les mots sont importants, mais pour leur donner du sens et les honorer, il faut aussi agir.

Que vous apportent ces engagements ?

De formidables leçons de vie. Ces enfants à l’hôpital, je ne les oublie pas. Ils voient le monde avec un courage et un enthousiasme qui force l’admiration et l’humilité. De même, l’expérience du Papotin, ce journal créé par des autistes m’a changé en profondeur. Je me nourris de ces rencontres. J’aime beaucoup cette phrase : « On transforme sa main en la mettant dans une autre ». J’ai besoin de m’impliquer dans le milieu associatif, là où des choses importantes se passent, des choses fondamentales dans la vie des gens comme la reconnaissance de leurs différences, de leurs origines ou de leur travail. Ils veulent être considérés, tout simplement. Cela m’intéresse car c’est ce que j’ai recherché moi aussi en voulant devenir artiste. J’ai quitté l’école à 15 ans et demi mais j’ai eu la chance d’être sauvé par un professeur de lettres qui m’a donné un livre en me disant que je pourrais organiser ma vie autour des mots. Je ne l’ai jamais oublié.

D’ailleurs, votre implication ne se limite pas à Mon Cartable Connecté…

J’ai récemment participé à une vente aux enchères pour les hospices de Beaune. Il n’y a pas de matchs entre les associations mais une chaîne solidaire qui œuvre dans les domaines du sport, de l’éducation, de la santé et de la culture, ces quatre piliers fondamentaux de la société. Dans la chanson « Les Gens du Secours », que j’ai écrite avec Pascal Obispo pendant le premier confinement pour soutenir les personnels hospitaliers, j’avais aussi tenu à rendre hommage aux policiers, gendarmes, pompiers, bénévoles… Toutes ces forces vives dont la mission est de secourir les plus fragiles pendant cette crise sanitaire qui nous oblige à encore plus de solidarité. Je le répète, c’est la fédération des talents et l’intelligence collective qui ont rendu possible l’aventure de Mon Cartable Connecté.

Propos recueillis par Eric Mandel.

La reconnaissance de ses pairs mais aussi une dotation à une association

Le Prix Adami de l’artiste citoyen est accompagné d’une dotation de 10 000€ à l’association choisie par l’artiste. Marc Lavoine à choisi de soutenir l’association Le Collectif – Mon cartable connecté qu’il a co-fondé en 2016 avec Abdel Aïssou et Raymond Domenech.

Cette association permet à des enfants hospitalisés pour une longue durée de maintenir les liens affectifs et amicaux avec sa classe et ses camarades grâce à un cartable électronique gratuit présent d’une part à l’école et d’autre part dans sa chambre d’hôpital grâce à une tablette et un casque. Entièrement conçu et fabriqué en France, il permet à l’enfant de suivre la classe en direct, de poursuivre les apprentissages, partager la vie du groupe, ne pas se sentir oublié, préparer son retour et cultiver l’espoir. L’association développe en parallèle des projets locaux d’insertion des jeunes par l’emploi et le sport.

Marc Lavoine a tout naturellement décidé de soutenir cette structure indépendante financée uniquement par des dons privés. Il a rappelé « l’importance de cette aventure collective, qui a su, à partir d’une volonté commune de sortir les enfants malades de l’isolement, réunir les mondes de la santé et de l’éducation, afin de lutter contre les discriminations dont ils souffrent, et leur offrir une solution concrète d’ouverture au monde. »

 

 

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